Lorsqu’elle est entrée dans ce restaurant où je dînais un soir avec quelques amis, je l’ai tout de suite remarquée. Sa démarche, le mouvement de son bassin, puis de ses cheveux lorsqu’elle a tourné devant moi pour rejoindre une table sur ma droite … quelque chose … passait.
Le bassin des femmes est un bien beau mystère, qui évolue au gré des ans, et celui que je voyais là ce soir se lisait pourtant comme à cul ouvert … même si je n’en lisais que le début.
Mais quel début !!!
Comment le dire autrement ? « Au début était le vice ! »
Elle s’est assise plus loin, de profil par rapport à moi, réservée et curieuse à la fois de ce que racontait le groupe qu’elle avait rejoint. Vingt-deux ans tout au plus, châtain clair, la narine émotive, la main gracieuse et le sourire de jeune fille où l’on sentait pourtant déjà l’animale en devenir.
Elle était au début de sa vie, de sa vie sexuelle – en avait elle seulement conscience ?
Jusque là elle avait du sûrement coucher, « faire l’amour » comme on dit, mais s’était elle déjà couchée vraiment, fiévreusement, violemment, avec empressement et quasi en pleurant … vraiment couchée pour qu’on la baise, pour qu’on daigne la baiser, qu’on la retourne et qu’on l’enfile, qu’on l’insulte même, dans tous les sens et pendant des heures sans même lui demander son prénom ?
Avait-elle provoqué un de ses jeunes amants afin qu’il lui donne ce dont elle avait envie ? de l’entrave, du cheveux tiré, de la nuque maintenue et de la joue collée contre une table rugueuse pendant qu’il l’aurait prise par derrière et par tous les orifices sur lesquels il aurait craché d’abord ?
« Pas sûr … pas encore … » souriais-je, amusé et mâl(ev)icieux, en me demandant cela.
Mais je voyais dans ses yeux des visions passer, sans aucun rapport avec les bribes de conversation que je pouvais saisir. De l’ambre, de l’or, du rouge sombre, du noir luisant et suintant, des lumières changeantes, troublées et troublantes … oui, je voyais du sexe dans ses yeux, de la possession, du sexe « hard » comme disent ceux et celles qui n’y connaissent rien – comme si le sexe pouvait être « soft » lorsqu’on s’abandonne à ses tripes.
Envisageait-elle les jeunes hommes autour d’elle ? pour la fin de sa nuit ? ou même les femmes ? Je ne sais pas.
Avait-elle conscience de ce désir en elle ? j’aurais parié que oui … ou qu’au moins c’était à la lisière de sa conscience.
Elle avait cette pureté de celles qui savent qu’elles sont faites pour cela, et qui n’ont pas besoin de le déclamer en riant à voix haute, ni plus besoin de se le murmurer à voix basse, comme pour s’en exorciser … ou mieux y succomber en masturbations effrénées et sans solutions.
Elle aime ÇA, j’en suis sûr, d’être attachée, mâle-menée, baisée et plus … suivant ce que la vie lui fera découvrir. La honte a disparu, ou va bientôt disparaître avec les dernières bribes d’adolescence … encore quelques semaines, quelques mois tout au plus, et elle traversera le miroir.
Il y a des femmes comme cela, rares, qui ont le sexe entier et absolu.
Au début était le vice …