Loft Story – par Sarah Wagner et D’Ange Heureux Poète

Sarah/Treize :

La chronologie m’est difficile et s’il me semble n’avoir rien oublié de ce que nous avons partagé ce week-end, les souvenirs apparaissent et disparaissent, se mélangent, m’échappent et reviennent et sèment la confusion.
Néanmoins, puisqu’il me faut choisir un seul moment, alors je vais Vous raconter celui que j’ai choisi.

Je ne saurais dire ce qui précédait ce que nous étions sur le point de commencer, mais dans la douceur du soir et sous la lumière tiède du luminaire en arc, qui surplombe le cosy canapé, nous étions enlacés, et semblait-il, repus de baise brutale et animale, de jeux vicieux, douloureux ou humiliants, quoiqu’il en soit jouissifs et épuisants.

Pour une raison qui m’échappe faute de mémoire, Vous m’avez rapprochée de Vous, pour un câlin à priori, mais m’avez, en toute délicatesse, retournée sur Vos genoux, comme une vilaine qui aurait dit un mot de trop.
**courbée ainsi, l’envie me vient de te lancer une parole piquante et irritante, pour venir te chercher. Mais je me tais et t’attends gentiment.**

Tout en douceur, Vous flattez ma croupe que je Vous présente fièrement. Des claques sonores mais mignonnes dira-t-on. Je ne sais pas vraiment quelles sont Vos intentions, mais je savoure ce moment érotico-avilissant.
La fessée, qu’elle soit douloureuse ou non, reste un acte intime et sensuel, si toutefois on sait la donner. Et Vous excellez en la matière.
Ainsi chaque contact de Vos mains, celle qui frappe et celle qui maintient, ou tire les cheveux, me procure une chaleur intérieure, que je valorise pleinement.

Il en faudra peu pour que le Tendre laisse place au Poète. Le Poète qui souffle, comme de jolis petits papillons, des paroles acides, des insanités, des grossièretés, et même, des mots d’humour.

**tu montes le ton, tu me chahutes, tu me cherches. Tu attends que je la balance ma crasse…
Et non! ton vocabulaire insultant n’est pas du tout limité comme tu peux le penser. Rends-toi bien compte que tu n’arrêtes quasiment pas, et que j’en prends plein les esgourdes.**

Alors, Vous-vous laissez emporter et si Vous aviez eu un semblant de pitié à un moment donné, celui-ci serait à présent envolé.
C’est la que je Vous rejoins, Vous savez, le pays où seul le retour est souffrance. Mon cul me brûle, ma chair me fait mal, Vous ne laissez place à aucune seconde de silence, ni de répit.
Je prends conscience de Votre force et de Votre résistance face à la mienne. Vous insistez sur la même fesse, longuement et je suis sur le point de vous demander pitié. Ça brûle, vraiment. Je gémis et râle un peu.
Taquin, Vous me demandez même de me tortiller et d’essayer de Vous échapper. L’idée m’anime mais, je me rends compte que j’arrive à peine à bouger mes jambes. Je suis rendue. Alors je me relâche, et au milieu de vos si doux sarcasmes, je me laisse plonger dans la pleine acceptation de la douleur.
**et toi? Où es-tu à ce moment? Le sais-tu que je suis loin du sol, mais si près de toi? Et combien je te suis reconnaissante de m’emmener là? Te rends-tu compte?**

Alors que je m’abandonne et que je Vous imagine fatigué, car Vous cessez les gifles sur mes lunes violacées, plus aucune résistance ne m’est possible.
Mon corps bouillant et relâché, Vous m’enculez de Vos doigts.
Il y a peu, j’aurais bondi. Mais ce que Vous m’avez pris, est l’un des plus beaux cadeaux que Vous m’ayez fait. J’aime tant, et c’est peu dire, lorsque Vous me prenez ce que je ne comptais offrir. Vous savez bien.
**tu le sais si bien.**

J’ai joui oui, les doigts de Votre autre main taquinant mon point G.
Mais c’est ma tête qui a joui.
Plus que tout.
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D’Ange Heureux Poète :

En fait, tout a commencé pour moi dans ce loft.

Comment ai-je pu mélanger à ce point les sensations et les instants ? Comment, dès samedi à l’aube, après la première nuit et alors que je rêvassais au lit, ai-je pu perdre le fil de nos baises de la veille ?
A quel moment t’avais-je fais ceci ou cela ? Le fouet, les élastiques, la fessée infernale que tu me racontes dans ta lettre, c’était quand exactement, à quelle heure ? Tout comme toi, je ne sais plus. Le petit dîner que tu m’avais préparé – succulente tarte aux orties – je m’en souviens. La baise sur le lit après et pendant laquelle je me disais vraiment que je n’aurais pas du manger autant, je m’en souviens aussi, mais beaucoup moins, à peine.
Et puis la ceinture. Je ne sais même plus si nous avons terminé par la ceinture ou s’il y eut autre chose ensuite ce vendredi soir. Cette séance de ceinture que ni toi – de ce que tu m’as dit par SMS – ni moi ne savons ou osons encore coucher noir sur blanc. Cette séance dans 150m2 de courses, de cris, d’empoignades par les cheveux, d’injures officiellement factices, et pour finir, la vision de ton corps anéanti au sol, à mes pieds.

Alors oui, tout a commencé pour moi dans ce loft.
Le territoire inconnu vers lequel nous nous poussons/entraînons l’un l’autre depuis deux mois que nous nous connaissons, nous l’avons découvert vendredi soir, dans cet endroit incroyable que tu nous avais loué pour le weekend.

D’habitude, je jouis deux fois de mes baises. Une fois en les vivant, et une autre fois en y repensant.
Mais je suis allé tellement haut cette fois-ci avec toi que mon cerveau n’a pas su traduire en pensées ce qui se passait entre nous. Cela ne m’était jamais arrivé, j’ai buggué.

Ma Treize, il ne me reste que des flashes à te confier, vois-tu. Je sais que tu aimes savoir ce que ressent ma queue quand je te lime, ce qui me pousse à t’enculer sans relâche (enfin, pas encore, mais cela viendra bientôt, ai confiance ), ce qui me pousse à te secouer dans tous les sens et pourquoi j’aime tant que tu me provoques, mon adorable sarahloperie.

Mais là, je buggue. De la fessée que tu me racontes, voici tout ce dont je me souviens :
Ma main droite, brulante … et mon majeur gauche, planté de ses trois phalanges tout au fond de ton cul, pour te faire jouir.

Que dire de plus de mes pensées ? Apparemment, ce qui s’est passé dans ce loft ne sortira jamais de ce loft.