« Billevesées !» qu’elle m’avait dit « Ce que vous écrivez ne se peut ! »
Elle écrivait comme une maîtresse d’école d’antan, d’une écriture délicieuse autant qu’alambiquée, et m’accusait de forfaiture en écriture. Outrage, crime de lèse-moi … qui m’excitait grave, pourtant.
Oui, j’écris du sexe, quoi d’autre a un quelconque intérêt ? L’argent, c’est pour le sexe, le pouvoir, c’est du sexe. Les bons petits plats, le vin, la plage, la musique, la danse et quasi tout le reste, toutes ces envies et ces pulsions ne sont-elles pas là que pour crever de désir et de sexe ?
Alors, autant allez directement au but : oui, j’écris du sexe, M’sieursDames. J’écris ce que j’ai fait à d’autres, et ce que je lui ferais bien, à elle, tellement ses provocations épistolaires qu’elle m’envoie de semaines en semaines me collent le feu aux tripes.
Mais là, celle qui ne me croit, même si elle l’écrit avec tact et délicatesse, je m’entends déjà lui dire à l’oreille, tout aussi délicatement : « Enlève ta culotte, tourne-toi, pose tes mains au mur et ne dis rien, je sais déjà ce que tu veux ».
Là est la forfaiture, bien sûr. Je n’en sais rien de ce qu’elle veut, et elle sait que je sais qu’elle sait. Je fais semblant, et elle, elle meurre d’envie que je devine.
Aurait-elle de ses envies et rêveries que les femmes ne s’avouent pas toujours, qu’elles n’assument pas vraiment lorsque, un verre dans le nez, les barrières tombent et qu’elles se confient à une copine, un miroir ou un amant d’un soir ?
A l’en croire, non, elle assume. « Je suis une femme libre ! » m’a-t-elle écrit dès le premier jour.
Okay, mais jusqu’à qu’elle point ?
Si je la prends et la conduit jusqu’au lit sans ambages ? Si je la pousse dans ses retranchements ? Si je la fais crier comme jamais dès la première fois. Si je lui zèbre le cul, puis l’écrase de tout mon poids, conviendra-t-elle alors que sa seule liberté, alors, sera de rendre les armes, de suffoquer de n’en plus pouvoir de mes coups de boutoirs, et d’enfin me chuchoter après coup ce qu’elle n’osait me dire, ce qu’elle cache derrière ses pudeurs et ce pourquoi elle s’est abandonnée ce soir, enfin !
Même si,
Même si …
Même si, dans la vraie vie et lorsque nous rencontrerons dans ce premier bar dont nous parlons parfois, il y aura sans doute des mots, des rires, des verres et des caresses échangés avant, le temps de se découvrir, et qui sait, ensuite, le plaisir de ne rien faire le premier soir, juste parce qu’elle aura deviné.
Oui, j’écriVAIS du sexe, MA vie sexuelle, mais c’était avant, et cela m’a amoché. Quelques délicieuses et sublissimes salopes en ont abusé, m’ont soutiré jusqu’à la moindre goutte de vie, et la moindre parcelle d’envie d’écrire, de décrire par le menu Ô combien j’étais accroc aux nuits que nous vivions. Mais à quel prix !
Alors, elle, la nouvelle fan de mes nouveaux écrits, elle, elle saura que je ne peux pas pour ce premier soir, que je veux attendre, que je la veux tendre … même si elle sait que je sais qu’elle veut que je la dégomme de haut en bas.
Ce sera la deuxième fois, sans doute : rendez-vous à la sortie de son travail, la suivre par jeu, la regarder onduler en marchant, m’engouffrer ensuite brusquement dans le premier taxi qui passe, l’enlever quelques mètres plus loin, lui caresser subrepticement la cuisse dans les embouteillages, s’échanger en direct-live des sextos sans que le chauffeur se doute de rien, sortir, vision fugace de son entrecuisse en descendant, monter les marches derrière elle, la déshabiller du regard, puis entièrement, juste devant ma porte. Ne pas entrer, la prendre une première fois sur le palier, malgré sa peur, une main sur sa bouche et l’autre la retenant de ne pas tomber par-dessus la rambarde de l’escalier.
Puis redescendre et aller se promener – par ce beau temps, ce serait dommage – et faire une sexe-tape dans le noir quelque part sur un banc si elle aime, ou n’importe quoi d’autre pour profiter de la nuit jusqu’à son ultime souffle. Je suis (enfin) prêt à tout. C’est juste que …
… la troisième fois, seulement, on entrera chez moi.
Pour l’heure, je rêve en souriant à lire son « Billevesées ! », sans lui répondre encore.
Mais putain, si je la choppe !
**********
P.S. : Merci à Norbert et à ma chérie qui m’ont redonné l’envie d’écrire. Merci à 5 de m’avoir donné ce premier mot, « billevesées », pour challenge. Et surtout, merci à toutes mes lectrices que j’ai baisées sur mon palier, en vrai ou en pensées. J’espère que je leur ai bien fait l’amour … en vrai ou en pensées. 😉
Si vous avez d’autres mots ou pensées à partager avec moi, n’hésitez pas.
((((et zob de sa mère en short, qu’est-ce que c’est bon de re-écrire !))))
Qu’est ce que c’est bon de pouvoir te relire…
Tu dis tout haut ce que nous avons tous en tête, reflet de l’hypocrisie de notre époque…
Amicalement, Julien.
Merci Julien.
Voici qui fait plaisir à lire. 🙂